#PostPunk #GroupeCulte #Coldwave


Groupe post-punk culte de Manchester au début des années 80 avec deux albums (Script of the Bridge, What Does Anything mean ? Basically), censé avoir exercé une influence déterminante aussi bien sur le son de guitare de U2 qu’Echo & The Bunnymen, adoré par des artistes aussi divers que Noël Gallagher d’Oasis, The Flaming Lips ou encore Interpol, The Chameleons a (enfin) sorti un nouvel album au début de l’automne, Artic Moon, et le défend en tournée en France et au Royaume-Uni. Explication et décryptage avec Mark Burgess, le chanteur et bassiste de la formation, alias Vox (il préfère qu’on l’appelle ainsi), à quelques heures d’un concert à Paris.
Le groupe existe depuis 1981, et pourtant The Chameleons n’ont enregistré que cinq albums en 45 ans. Pourquoi s’est-t-il passé autant de temps entre Why Call It Anything (2001) et Artic Moon (2025) ?
Vox : Il y a eu pas mal de changements dans le line-up du groupe, et pendant toute une période nous ne faisions pas vraiment de musique nouvelle, nous étions plutôt dans la célébration sur scène de l’héritage laissé par The Chameleons. Et puis quand Reg (Smithies, l’un des deux guitaristes du début, cofondateur du groupe) est revenu en 2021, il semblait naturel que l’on se remette à jouer et composer ensemble.
Qu’est-ce qui a servi d’étincelle ?
Eh bien, simplement le fait que Reg ait de nouveau envie de faire partie des Chameleons (le groupe avait splitté en 1987 après l’album Strange Times, et la mort par suite d’un arrêt cardiaque de leur manager Tony Fletcher). Ça suffisait.
The Chameleons ont toujours eu ce statut de groupe un peu culte. Beaucoup d’artistes célèbres et exposés comme Oasis, The Flaming Lips ou encore Interpol ont fait savoir toute l’admiration qu’ils avaient pour votre musique et vos morceaux. Étiez-vous conscient de tout ça, et pourquoi est-ce que cela n’a jamais débouché sur une collaboration ?
Non, je ne le savais pas. Surtout, je ne me rendais pas compte. Je l’ai appris petit à petit par le bouche-à-oreille ou en lisant des articles sur nous dans la presse. J’ai bien collaboré avec différents artistes et musiciens mais personne de vraiment connu (Rires).
Mais, il semblerait par exemple que Noël Gallagher qui est aussi de Manchester comme vous, soit l’un de vos plus grands fans. Il a dit tout le bien qu’il pensait du 3ème album du groupe, Strange Times (1985), notamment du morceau Tears. L’avez-vous jamais rencontré ? Ou lui avez-vous parlé au téléphone un jour pour en discuter ?
Non. Jamais (sourire).
Pour Artic Moon, comment s’est passé l’enregistrement. Êtes-vous allé en studio et y avez-vous créé les morceaux ensemble ? Ou avez-vous procédé autrement, chacun arrivant avec des ébauches et des idées de chansons pour ensuite les enregistrer ?
La plupart du temps, c’était un travail collectif. Je suis arrivé avec quelques morceaux plus ou moins avancés pour nos sessions parce que je ne savais pas, après tout ce temps, comment nous allions fonctionner. Mais au fur et à mesure de nos sessions, nous avons jammer de plus en plus et c’est ainsi que les morceaux d’Artic Moon sont nés. On est parti de la musique, et j’ai écrit les textes ensuite.
Est-ce que vous demandez l’avis des autres membres du groupe sur vos paroles ?
Ils me font confiance. Quand nous enregistrions ce disque, nous n’avions pas de concept en tête. On a vraiment travaillé avec cette idée d’avancer morceau par morceau sans savoir vraiment où nous allions. Tout était très spontané. Vous savez, nous venons de la scène punk et post-punk. C’est de là d’où vient notre son, notre façon de faire.
The Chameleons sont apparus au début des années 80 à Manchester. Qu’est-ce qu’il y avait dans le lait de vos biberons quand vous étiez gamin pour qu’autant de groupes devenus célèbres, et que je cite dans le désordre, comme Joy Division, The Smiths, The Buzzcocks, Oasis ou encore The Stone Roses ou The Fall naissent tous dans cet environnement ? Et aviez-vous des liens avec eux ?
Je ne pense que le son des Chameleons soit dû à la ville de Manchester. Je crois vraiment que l’on aurait pu se former n’importe où dans le monde. Mais il y avait à Manchester une scène très particulière dont nous n’avons jamais vraiment fait partie. Nous ne nous sommes jamais définis par la géographie, et je pense que nos fans ne se sont jamais intéressés au fait que nous venions de Manchester.
Est-ce que cela veut dire que si vous étiez venu d’une ville de la côte australienne ou des Etats-Unis, vous auriez eu le même son ?
C’est difficile à dire mais pour ma part, je pense que oui. Cela étant, j’espère que notre son a évolué avec le temps. Stephen Rice, qui est l’autre guitariste des Chameleons, et nous a rejoint en 2021, ne faisait pas partie du groupe dans les années 80 et ne s’est pas senti obligé de reproduire ce que l’on faisait à l’époque sur les morceaux que l’on a enregistré pour Artic Moon.
Propos recueillis par Frédérick Rapilly
Artic Moon, Metropolis Records
En concert à L’Elysée Montmartre (Paris), 72, Boulevard Marguerite-de-Rochechouard, samedi 6 décembre, 19.15 avec Hugh Cornwell et Swell Maps
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