RETRO-CHRONIQUE (2012). Pour les nostalgiques de Joy Division, mais pas que, cet album élégant, tranchant et décapant du groupe californien Savage Republic a des airs de revenez-y. Il peut servir d'éclaireur avant de se plonger voire se pâmer (oui, oui, certains se pâment) dans une discographie intéressante mais méconnue.


" Les cousins d’Amérique, version Côte Ouest, de Joy Division et consorts avec une grosse lichée d’ouzo grec..."
La drôle de pochette de l'album Varvakios du groupe Savage Republic, un disque sorti en 2012.… C’EST QUI ?
Les cousins d’Amérique, version Côte Ouest, de Joy Division et consorts avec une grosse lichée d’ouzo grec. Formé au tout début des années 80, ce quatuor californien s’est assemblé autour de deux étudiants à l’université d’UCLA, Bruce Licher (guitares) et Mark Erskine (batterie, percussions) – tous les deux ont quitté le groupe – sous le nom d’Africa Corps (sans les deux k) avant d’adopter celui plus passe-partout (« Nous ne voulions pas passer pour des nazis... ») mais néanmoins évocateur de Savage Republic en 1982. Avant la sortie aussi d’un premier album baptisé Tragic Figures sous les influences conjuguées et parfois étranges de The Cure, Pink Floyd, Ennio Morricone, ou encore Gang Of Four. Premier split en 1983 alors qu’un deuxième album est en préparation. Reformation. Nouveaux disques. Puis re-split en 1990, et re-reformation en 2002 avec un seul des membres originaux du groupe (Bruce Licher, qui depuis a quitté le groupe). Depuis Savage Republic a publié trois nouveaux albums dont l’inquiétant Varvakios en 2012, enregistré en seulement trois jours à Athènes. Alors que la Grèce était en pleine crise financière…
… ET C’EST COMMENT ?
Puissant, dérangeant. Sans concession. Il se dégage de cet album, le 6ème en studio du groupe, une impression d’implacabilité dès le premier titre, l’obsédant Sparta dans lequel la voix du leader Thom Furhmann se fait vite incantatoire, comme celle d’un oracle du malheur. Percussions tribales, guitare curesque période Pornography, violon blafard et dérangé (celui de Blaine L. Reininger, de Tuxedomoon), le morceau fait son effet et pose l’ambiance : post-punk et solennel. Le titre suivant, l’instrumental Hippodrome, est tout aussi saisissant, dissonant. Donnant l’impression d’un noirceur infinie, d’une lave intense ou de cendres retombant à l’infini sur un paysage désolé. Plus loin, le morceau Poros arrive à évoquer sans singer le cultissime Love will tear us apart des Joy Division sans les paroles. L’impression est étrange mais pas désagréable. Après une courte éclaircie autour du lumineux et presque floydien For Eva, mélodie planante et intrigante, ce disque d’une infinie mélancolie s’achève sur l’impressionnant Anatolia. Un nouvel instrumental post-rock aux explosions brutales, générées par une guitare barbelée, aussi hérissée qu’harassante. Un titre hypnotique qui ferait presque basculer vers la transe. Au final, pour le néophyte que je suis concernant la musique de cette formation californienne dont je connaissais vaguement le nom, cet album a ce petit truc qui donne envie de s’y plonger une fois, deux fois, trois fois… Rien d’éblouissant. Pas de choc cathartique, mais une sensation de familier.
Frédérick Rapilly
Cote d’amour = 70 %
Genre : post-punk, post-rock.
Savage Republic, Varvakios, LTM Recordings, 2012 (à découvrir sur des plateformes comme Deezer ou Spotify)
A rapprocher de : Joy Division, Can, Wire, Labraford…