Everything is Alive par Slowdive

CHRONIQUE (2023). Le 5ème album du groupe britannique, trop souvent caricaturée en seconds couteaux du mouvement shoegazing dans les années 90, fait l’effet d’embarquer dans un vaisseau spatial à destination d’une planète à la fois inconnue et pourtant familière.

Diskömaniac
2 min ⋅ 12/09/2023

…. C’est quoi ce disque ?

 Ce n’est que le 5ème album studio de la formation originaire de Reading depuis Just A Day publié en 1991, mais cela valait la peine d’attendre, même pour ceux (dont moi) qui, sans les détester, ni les avoir beaucoup écouté, n’attendaient pas grand-chose de ces revenants déjà « revenus » en 2017 avec un très honorable album éponyme, Slowdive. Débuté en studio en septembre 2020, le disque a été élaboré autour de compositions imaginées au départ par Neil Halstead (voix, guitares, synthétiseurs) pour un projet d’album solo de techno minimale, avant d'être retravaillées par les membres du groupe et d'évoluer vers des territoires ou plutôt des nébuleuses plus proches d'une certaine forme de rock, voire de post-rock. 

… Et c’est comment ?

 Le titre Shanty qui ouvre l’album donne d’emblée une impression de décollage immédiat avec ses synthés modulaires si reconnaissables (cf l'album Automatic des Australiens de Mildlife, publié en 2020), comme si l’on s’élevait dans une fusée traversant un mélange de coton et d’éther, strié d’éclairs menaçants, tandis que les voix de Rachel Goswell et Neil Halstead se transforment en invocations lointaines. On se prend à penser, à rêver même que The Cure aurait pu évoluer dans cette direction, avec ce côté chamanique et transes méditatives. Un peu plus loin, le morceau Kisses (sorti en premier single), conserve cette aura de douceur tout en me faisant penser cette fois à un New Order qui aurait décidé de prendre son temps. Mélancolie maximale. Sur le reste, six autres morceaux, difficile d’en mettre un en avant plus qu’un autre puisque chaque titre semble parfaitement répondre à un autre, s’emboîter sans se répéter. On peut se laisser aller à divaguer très haut, très loin, avec Chained To A Cloud (rien que le titre est une poésie), ou revenir sur Terre avec les dissonances très contrôlées de The Slab. Tout semble possible… J’écoute et réécoute ce disque depuis sa sortie sans en avoir encore épuisé tous les coins et recoins (métaphore bizarre pour un album écouté en streaming), mais plus le temps passe, plus Everything Is Alive m’évoque les deux derniers albums de Talk Talk, Spirit of Eden et Laughing Stock. Pas tant pour le son que pour cette idée d’un… Tout. Comprenne qui voudra.

 Frédérick Rapilly

 Cote d’amour = 80 %

 Everything Is Alive (Dead Oceans, sorti le 1er septembre 2023)

 

 

 

 

 

Diskömaniac

Par Frédérick Rapilly

Les derniers articles publiés